Romain Felli, conseiller communal – postulat déposé le 24 novembre 2015
La ville mène une politique ambitieuse de développement des espaces verts, en même temps qu’elle a entamé une réflexion large sur l’alimentation et l’agriculture urbaine afin d’améliorer la qualité de vie en ville. Ce postulat suggère de développer le lien entre ces deux thématiques en proposant de réfléchir à l’introduction d’arbres fruitiers sur le domaine public.
Dans la conception de l’urbanisme héritée du strict zonage des activités urbaines, les espaces verts, parcs, promenades, etc. visent essentiellement à offrir une fonction de délassement et de récréation aux habitantes et habitants de la ville. Depuis une ou deux décennies, ces mêmes espaces sont regardés avec un œil différent, et leurs contributions à la qualité de vie en ville apparaissent beaucoup plus riches : contribution à la biodiversité, à l’amélioration de la qualité de l’air, effets tempérants sur le climat, etc. La multifonctionnalité des espaces urbains est aussi une réponse possible au besoin de densification de la ville.
Cette diversité de fonction pourrait être étendue par l’introduction (ou plutôt la réintroduction) sur le domaine public d’arbres et d’arbustes fruitiers, en remplacement d’arbres, ou de haies, ornementaux. Souvent tout aussi esthétiques que les autres arbres et buissons, les arbres fruitiers ont le grand mérite de produire de la nourriture. Les lausannoises et lausannois pourraient ainsi, au détour de leur promenade dominicale, cueillir quelques framboises au chemin des Délices, ou croquer une pomme du Vallon, en libre-service. On pourrait envisager qu’une partie de ces vergers urbains soient directement exploités par le service des parcs et promenades. Ainsi, de même que la ville commercialise le miel de ses ruches urbaines, elle pourrait proposer de la confiture de pruneaux, de la pâte de coing, voire du kirsch municipal!
A leur petite échelle, ces arbres et arbustes fruitiers contribueraient ainsi à la réintroduction de « biens communs » à disposition, et sous la sauvegarde, des habitantes et des habitants de la ville (mais entretenu par les services communaux, comme le sont les arbres ornementaux actuellement). Bien sûr cette idée nécessite une réflexion et invite à l’expérimentation.
Ce postulat souhaite donc que la Municipalité étudie la possibilité d’introduire des arbres et arbustes fruitiers sur le domaine public, en prenant notamment en compte les éléments suivants :
- choix d’un (ou plusieurs) emplacement(s) pour un projet pilote,
- choix d’essences comestibles et adaptées au climat et aux conditions locales,
- mode d’entretien par les services communaux,
- mode d’accès du public (accès libre ? récolte par les services communaux ? « collectifs de cueillette » ? etc.)
C’est plus ou moins l’idée que j’avais soumise aux parques et jardin début 2013. Mail resté sans réponse. Je vous le copie ici:
« Les parcs de Lausanne fleurissent de bonnes idées. J’apprécie particulièrement le métissage entre des zones de gazon classique et les prairies sauvages. Se faire surprendre par une plante inconnue au beau milieu d’une ville est une expérience magique. Je vous remercie de me l’avoir offert.
Conscient de vos efforts, cela me motive particulièrement à vous partager 2-3 idées. Bien sûr, j’apprécierai plus d’arbre sûr la place Riponne ou le Flon qui sont de vrai désert de pierres, mais j’imagine bien que ce sont des projets difficiles à mettre en place.
Voilà pourquoi je vous transmets deux modestes projets appréciés dans d’autres villes.
### Grils publics
La ville de Bâle met à disposition des grils à gaz automatique. Ceci a réduit considérablement la fumée qui gênait les passants et les voisins, les accidents (alcool à bruler) et a créé un endroit ou les gens se rencontrent.
Je pense à plage en face du théâtre de Vidy qui est souvent la proie à une fumée certainement visible depuis Evian et dont la pelouse souffre parfois.
À noter que Bâle ne gère pas directement les grils, mais que cette responsabilité est liée avec le bail de certaines buvettes du bord du Rhin.
### Des fruits et des légumes sauvages dans les parcs
La ville de Freiburg (DE) a semé des plantes comestibles dans certains de ces parcs comme des tomates, des concombres, des courges ou des fraises. Cette idée on m’en a parlé et j’avoue être très curieux du résultat. Comme je l’ai compris, ce ne sont pas vraiment des cultures, mais plus simplement des graines jetées la nature fait le reste (j’exagère sans doute).
J’imagine les gens cueillir une tomate lors d’un pic-nique ou s’offrir une fraise sur le chemin de l’école.
Lausanne est déjà bien engagé sur le sujet de la diversité biologique en ville. Je suis sûr que les habitants accueilleraient ceci comme évolution ludique, éducative, voire même utile.
Voir http://ttfreiburg.de/mitmachen/urbanes-gartnern/
Voilà mes deux petites idées. J’ai aussi pensé à mettre des chaises, cube, ou autre objet pour s’assoir et rythmer une place comme la Ripone, mais je pense qu’un tel projet passe difficilement. Soit l’argument du vandalisme si la structure est trop légère ou amovible, soit au contraire on dira qu’il faut pouvoir libérer la place facilement pour des manifestations… Mais peut-être que je serai surpris. »
Avec mes meilleures salutations