Interpellation: Sommes-nous condamnés à accepter des projets de construction privés qui nuisent aux locataires en place et aux ensembles architecturaux cohérents?

Benoît Gaillard, conseiller communal – déposée le 6 mai 2014

A plusieurs reprises ces derniers mois, des dossiers de démolition de bâtiments d’habitation en vue d’une reconstruction ont défrayé la chronique communale. Trop souvent, des promoteurs prennent prétexte de la nécessaire densification pour réaliser des opérations financièrement intéressantes qui impliquent la destruction de bâtiments non pas historiques au sens strict, mais souvent d’un intérêt esthétique local incontestable et contribuant à l’identité visuelle d’un quartier.

Récemment, c’est l’immeuble du café des Lauriers, à la Pontaise, qui faisait l’objet d’une telle opération malgré un préavis négatif de la Municipalité au sens de la LDTR. Aujourd’hui, le propriétaire d’un immeuble à la rue Saint-Paul prévoit de le démolir pour reconstruire un nouvel immeuble comportant davantage d’appartements – mettant au passage, naturellement, les locataires actuels à la porte. Le bâtiment en question dispose de la note 4 au recensement architectural, ce qui dénote son intégration dans ce quartier autour de l’av. de France. Ses jardins, eux, sont classés en note 3 de même que ceux de deux autres immeubles situés à la rue des Aubépines dans le même quartier et aussi menacés de démolition. Ces espaces verts, qui forment une partie intégrante du quartier, seraient définitivement perdus.

Il n’y a pas lieu de remettre en question l’objectif même de densification. Cependant, on peut considérer qu’il peut se traduire de deux façons : par des démolitions-reconstructions, d’une part, ou par l’identification, en vue de leur utilisation, de toutes les parcelles non encore construites dans le périmètre compact de l’agglomération, d’autre part. La seconde démarche est par exemple celle que poursuit la Ville pour la grande majorité de ses projets de logement, avec des exceptions lorsque des bâtiments nécessitent une démolition en raison de facteurs propres (insalubrité, vétusté). La première forme évoquée ci-dessous voit souvent des investisseurs privés réaliser des opérations financièrement intéressantes au détriment de l’esthétique urbaine, de la sauvegarde des ensembles bâtis, et de la mixité sociale qu’autorisent des loyers situés en-dessous des prix du marché.

Je souhaite poser les questions suivantes à la Municipalité:

  1. Quelle est à ce stade la position de la Municipalité sur le bâtiment situé à la rue Saint-Paul et dont la démolition-reconstruction est à l’enquête publique ?
  2. De quelle marge de manœuvre la Municipalité dispose-t-elle dans l’octroi ou non de permis de construire dans de tels cas ?
  3. La Municipalité dispose-t-elle de moyens pour préserver des ensembles architecturaux ou urbanistiques intéressants (l’avenue de France constituant un exemple parmi d’autres) ? Si tel n’est pas le cas, la révision du plan directeur n’est-elle pas l’occasion de se doter d’instruments de ce type, au-delà du recensement propre à chaque bâtiment ?
  4. La Municipalité peut-elle donner une estimation grossière du potentiel en termes de nouveaux logements des parcelles privées ou publiques, constructibles ou pouvant être rendues constructibles et non encore construites située sur le territoire communal ?

Je remercie par avance la Municipalité pour ses réponses.