L’Accord de Paris sur le climat: ça commence ici

Opinion parue dans le 24Heures du jeudi 17 décembre 2015

L’Accord trouvé à Paris vise à limiter le réchauffement climatique d’origine humaine à moins de deux degrés. Il nous engage à agir à tous les niveaux politiques. La bonne nouvelle est que nous pouvons intervenir à l’échelle communale en améliorer la qualité de vie dans nos villes.

S’engager pour le climat, c’est d’abord réduire les émissions de gaz à effet de serre. La ville de Lausanne qui n’a pas cédé aux sirènes du libéralisme a fait le choix, aujourd’hui payant, de conserver en mains publiques une grande partie de la production d’électricité. Grâce à ce contrôle communal direct, de grands projets éoliens, géothermiques et solaires permettent à la ville d’amorcer une transition énergétique favorable au climat. La régulation partielle du marché de l’électricité, encore en vigueur, assure quant à elle que l’énergie renouvelable produite dispose de débouchés stables à des prix corrects.

Mais s’engager pour le climat, c’est aussi, malheureusement, reconnaître que le réchauffement est déjà présent et qu’il déploiera des effets de plus en plus importants dans les décennies à venir. La canicule vécue cet été en Suisse, par exemple, donne à réfléchir. Tout porte à croire que les vagues de chaleur de ce type devraient s’accroître en nombre, en durée et en intensité.

Les villes sont particulièrement vulnérables aux canicules : le manque de végétation, la difficulté pour l’air d’y circuler, leurs sols et leurs toits foncés concourent à faire augmenter la température par rapport à la campagne environnante. La population qui y réside est, elle, plus vulnérable à la canicule: personnes isolées, âgées, jeunes enfants, etc.

La vague de chaleur de cet été a conduit à une adaptation spontanée: les marchands de ventilateurs ou de climatiseurs se sont trouvés en rupture de stocks. Mais l’installation de systèmes de refroidissement dans chaque logement ne peut pas être la solution, car elle est coûteuse économiquement, donc inégalitaire, et inefficace énergétiquement.

La gestion des températures extrêmes doit être intégrée dans la construction du bâtiment, dès sa conception. Mieux, la planification du quartier, l’orientation des façades, des rues, la disposition des espaces verts et des plans d’eaux, peuvent tous permettre d’anticiper efficacement, et à moindre coûts, les températures extrêmes. Encore faut-il que les autorités publiques intègrent ce problème dans leurs conceptions de l’urbanisme.

Les socialistes lausannois ont déposé dans ce sens un postulat demandant à la ville d’élaborer une stratégie participative d’adaptation aux changement climatiques. Il est possible d’anticiper les effets du réchauffement tout en améliorant la qualité de vie en ville, à condition d’écouter et d’utiliser les expériences des habitants. Ni les grands accords internationaux ni les petits gestes individuels ne résoudrons seuls le problème du climat : nous disposons d’un pouvoir d’action collective et démocratique dans nos communes, utilisons-le.

 

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