Préserver l’aide aux plus pauvres

Pierre Zwahlen – Opinion parue dans le 24heures du  2 juin 2016

Parmi les plus riches, notre pays veut réduire son soutien aux plus démunis du monde. C’est là qu’il réduit le plus fortement ses dépenses – par centaines de millions par an. La Suisse n’est pourtant pas l’Etat qui en fait le plus : la Suède, la Norvège, le Luxembourg, le Danemark, les Pays-Bas, la Finlande ou le Royaume-Uni ont consacré bien plus que 0,5% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement l’an dernier.

Mais certains s’acharnent et croient tenir leur revanche.  Quoi – Soutenir des gens qui se battent pour subsister ? Appuyer des enfants victimes de violences ? Epauler des femmes qui sortent leurs communautés de la misère ?  Ces élus fédéraux n’ont malheureusement rien à faire d’une aide au développement qui, plutôt que l’exil, maintient les gens sur place pour l’essor de leur région. Ils n’admettent pas que paysannes et paysans du Sud ont besoin d’un appui pour s’en sortir – comme chez nous.

Ces derniers mois, les propositions pernicieuses se sont succédés pour dépecer l’aide suisse au développement. Des commissaires aux finances de la Berne fédérale ont aiguisé les couteaux contre l’appui aux plus fragiles. Facile, quand il ne s’agit pas d’électeurs. Qu’en sera-t-il début juin au Parlement ? Le crédit-cadre pour quatre ans de coopération internationale sera sur la sellette. Il s’agit de l’adopter intact, alors que le Conseil fédéral l’a diminué, déjà, en regard des engagements pris par les Chambres en 2011.

La Suisse a pourtant approuvé l’Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement durable en septembre dernier. Avec 192 autres Etats, notre pays entend éliminer la pauvreté, réduire les inégalités, préserver le climat et les ressources naturelles. Accord signé sitôt piétiné ? Car il faut des moyens pour réaliser l’Agenda dans les 14 ans qui viennent ! Ce « plan partagé d’amélioration du monde », selon la belle formule du conseiller fédéral Didier Burkhalter, a besoin d’une aide helvétique solide, pour que les moins favorisés trouvent le chemin du développement.

La coopération suisse est pourtant l’une des meilleures du monde, attestée par les spécialistes. Elle ne sert que rarement des intérêts d’Etat. En revanche, l’aide publique au développement assure dans notre pays près de 25’000 emplois et éclaire l’image de la Suisse très loin de ses frontières.

Avec ses 45 associations affiliées engagées dans des projets au Sud et à l’Est de la planète, la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO) compte sur chaque élue et élu fédéraux du canton : il importe d’approuver la coopération internationale 2017-2020 et l’entier des moyens indispensables pour la réussir.

Pierre Zwahlen

Président FEDEVACO

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