Interpellation – Quelle garantie de pérennité pour nos fromages AOP ?

Stéphane Montangero, député. Interpellation déposée le 8 mai 2018

En mars dernier, la presse dominicale évoquait que la Confédération entendait renoncer à sa responsabilité dans la production des ferments lactiques essentiels à la fabrication des fromages suisses, notamment les AOP. Elle envisagerait qu’une société anonyme prenne le relais de l’organisme actuellement en charge de ce rôle qui lui a été attribué depuis plus d’un siècle, à savoir la Station fédérale de recherche Agroscope.

Cette position non publiée a toutefois été confirmée par M. Reumann, porte-parole du Département fédéral de l’économie (DEFR) dirigé par M. Schneider-Ammann. Cette fois encore, il semble que ce soient des calculs à la petite semaine qui soient à la base de cette décision de privatisation, pour gagner 3 francs six sous, ces cultures ayant toujours plus de succès, tout cela sur fond de caisses de la Confédération ayant engrangé à nouveau des milliards d’excédents « imprévus ».

Pour rappel, l’institut fédéral de recherche agronomique collecte auprès des meilleures fromageries du pays les bactéries lactiques. Il les reproduit dans son laboratoire de Liebefeld (BE), puis les revend aux fromagers. Il propose ainsi un assortiment de plusieurs dizaines de cultures différentes produites chaque semaine, dans lequel les fromagers peuvent puiser. Le choix de la culture influence le goût et la texture de la pâte. C’est un élément fondamental pour le fromage et surtout pour l’expression de son caractère.

Notons surtout que les cahiers des charges de certaines appellations d’origine protégée (AOP) exigent l’utilisation d’une de ces cultures. D’aucuns craignent déjà un renchérissement massif de ces coûts, car les clients seraient captifs. D’autres doutent que l’ensemble du patrimoine ainsi collecté puisse perdurer, une société privée se concentrant sur les éléments amenant les plus grandes marges financières.

En conséquence, soucieux de nos produits de terroir pour lesquels notre canton a fortement investi ces dernières années, nous posons les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Le Conseil d’Etat a-t-il été informé par M. Schneider-Ammann ou ses services de cette volonté de privatiser la production de ces ferments lactiques ? Si oui, quelle position le Conseil d’Etat a-t-il adoptée ?
  2. Combien de fromages AOP vaudois sont-ils potentiellement concernés par cette démarche ? Y a-t-il d’autres fromages vaudois non AOP qui le sont également ?
  3. Quels types de producteurs de fromages sont-ils potentiellement concernés dans le canton ? Sont-ce uniquement de grandes exploitations ou de petits producteurs locaux le sont-ils également ?
  4. Si le Conseil fédéral persiste dans cette optique de renoncer à ce précieux savoir si nécessaire à nos produits de terroir, le canton de Vaud pourrait-il, seul ou avec d’autres, reprendre cette mission ? Si oui, à quelles conditions ? Si non, pour quelles raisons ?

Nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.

 

Pour le groupe socialiste,
Stéphane Montangero

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